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Représentation des femmes dans le sport

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Représentation des femmes dans le sport

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, et alors que la France s’apprête à accueillir des Jeux Olympiques et Paralympiques sous la ligne de la « parité parfaite », l’équipe KYU vous propose quelques données clés sur la place des femmes dans le sport.

Une pratique sportive encore très genrée

Le sport et le bien-être ont le vent en poupe, et la tendance globale est à l’augmentation du nombre de personnes pratiquant au moins une activité sportive chaque semaine : cela concerne 59% des Français de 15 ans et plus, soit 5 points de plus qu’en 2018. On constate néanmoins des disparités dans la fréquence et les types de sport pratiqués entre les hommes et les femmes. La part de femmes pratiquant au moins un sport régulièrement est inférieure, s’établissant à 55%, tandis que seules 38% de licences sportives ont été délivrées à des femmes en 2022. Quatre fédérations se distinguent par un taux de féminisation particulièrement élevé, au-dessus de 80% : l’équitation, la danse, les sports de glace et la gymnastique. A l’inverse, les taux les plus bas sont observés dans des sports traditionnellement vus comme masculins : football, rugby, cyclisme, tir…

Si la plupart des fédérations sportives cherche aujourd’hui à attirer plus de femmes, leur socialisation continue de jouer un rôle indéniable dans leurs choix sportifs, notamment le fait de privilégier la pratique individuelle. Le traitement médiatique reste également un enjeu pour normaliser et populariser les sports féminins : entre 2018 et 2021, moins de 5% du contenu sportif diffusé à la télévision portait sur des événements ou compétitions exclusivement féminines, et 21% sur des compétitions mixtes.

La lente féminisation des instances de gouvernance sportive

Fin 2022, 81% des 119 fédérations reconnues par le ministère des Sports étaient présidées par des hommes, y compris lorsque les femmes constituent une majorité écrasante des licenciés. Parmi les 37 fédérations olympiques listées en 2024, on compte trois présidentes (sports de glace, hockey, et handisport). Cette sous-représentation féminine s’observe également au niveau local, et pour d’autres types de postes d’encadrement.

Concernant les instances dirigeantes (comité directeur ou conseil d’administration), les fédérations sportives comptant au moins 25% de licenciées sont tenues depuis 2014 d’attribuer au moins 40% des sièges à des femmes. Cette réglementation a grandement contribué à augmenter le nombre de femmes dans les instances, et s’est renforcée début 2024 : une parité parfaite à 50/50% est désormais attendue dans les instances dirigeantes des fédérations. Certaines ne seront vraisemblablement pas en mesure de tenir les objectifs, malgré « l’accompagnement » qui avait été promis aux fédérations les moins féminisées. Les conséquences restent limitées ; depuis 2014, seuls des rappels à l’ordre ont été adressés aux fédérations ne respectant pas la loi en la matière.

Des schémas qui perdurent aussi dans les clubs sportifs et les entreprises

Au-delà de la gouvernance des fédérations, que se passe-t-il dans les clubs, associations et entreprises du sport, qui œuvrent tous les jours pour faire bouger les Français ?

Sensiblement la même chose, puisque les femmes représentent presque 40% des salariés de la branche professionnelle du sport, mais n’occupent pas les mêmes postes que les hommes. Si la part de cadres est la même, on retrouve plus de femmes au niveau ouvrier ou employé (29%, contre 18% chez les hommes). Elles sont également plus souvent à temps partiel (55% contre 43%). En revanche, la part de CDI est plus importante que pour les hommes (20% contre 15%).

Cela s’explique essentiellement par les métiers exercés. Les femmes ne représentent en effet qu’un tiers des salariés de l’encadrement des activités physiques et sportives (entraineurs, éducateurs sportifs, coaches sportifs…), particulièrement concernés par un recours au salariat moins fréquent, au profit du bénévolat ou de l’auto-entrepreneuriat. La part de femmes augmente parmi les métiers de la santé dans la branche (43%). Elles sont en revanche majoritaires dans les métiers de l’administration, regroupant l’ensemble des métiers supports, où les femmes sont traditionnellement très représentées.

Peu d’évolutions à attendre à court terme

A l’avenir, peut-on anticiper une plus grande parité parmi les professionnels du sport ? Pas vraiment. Les statistiques du ministère des Sports démontrent que les femmes représentaient 67% des diplômés du BPJEPS Animation en 2022, mais seulement 30% du BPJEPS Sport. Quant aux spécialisations sportives qu’elles choisissent en priorité, il s’agit de l’équitation (86% de femmes) et des activités gymniques (66%). Les spécialisations autour des sports de combat, sports automobiles, ou encore le basket-ball, le cyclisme ou le rugby, peinent à atteindre les 20% de diplômées.

Du côté de la licence STAPS, les constats sont un peu moins rudes. En 2022, les étudiantes représentaient environ 45% des diplômés, avec des choix de mention demeurant en revanche assez genrés. L’étude de l’INJEP sur le parcours professionnel des licenciés STAPS en 2019 indique que certaines spécialités restent plus attractives que d’autres pour les femmes : activité physique adaptée et santé (51% de femmes) et éducation et motricité (33%), au détriment des spécialisations sur l’entrainement sportif ou le management du sport. Le « care » et l’éducatif devant la performance et la direction stratégique, donc…

Face à ces constats, les acteurs publics et les partenaires sociaux se sont organisés depuis plusieurs années : par exemple, le Grenelle de l’emploi et des métiers du sport de juin 2023 prévoit des actions de promotion de la féminisation des métiers du sport, tandis que l’accord de branche sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes a été actualisé en janvier 2024. Pour l’instant, les résultats escomptés ne se concrétisent pas, et le chemin vers une plus grande parité est encore long. Si le secteur du sport a sa part de responsabilité dans les disparités de pratiques et de choix professionnels des femmes, il hérite également de schémas sociologiques plus larges de discrimination à leur égard et d’autocensure de leur part, qui ne pourront trouver une solution qu’à une échelle globale et sur un temps long.

Sources :

  • ARCOM, Analyse du poids des retransmissions de compétitions sportives féminines à la télévision entre 2018 et 2021, 26 janvier 2023.
  • INJEP, ministère des sports, CRÉDOC, Baromètre national des pratiques sportives, 2023.
  • Cartographie prospective des métiers du sport, AFDAS, branche professionnelle du sport, 2021.
  • DARES, portrait statistique des branches professionnelles.
  • EgalSport, Etude comparative sur la gouvernance des fédérations françaises unisport olympiques 2008-2021, 2023.
  • INJEP, ministère des sports, CRÉDOC, Baromètre national des pratiques sportives, 2023.
  • INJEP, ministère des sports, Enquête insertion des diplômés d’un BPEJPS, données 2021-2022.
  • INJEP, ministère des sports, Etude sur le parcours professionnel des licenciés STAPS, 2019.
  • INJEP, ministère des sports, Les licences annuelles des fédérations sportives en 2022, 2023.
  • Ministère de l’environnement supérieur et de la recherche, Base SISE.

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